Le nombre de sites marchands en hausse, des transactions qui montent en flèche, 2020 était une année à marquer d’une pierre blanche pour le commerce électronique. Mais le secteur est loin d’être au beau fixe. Il traîne toujours des lacunes et des difficultés qui persistent.
S’il y a un secteur qui a pu profiter de la crise sanitaire Covid-19, c’est bien le secteur du commerce électronique. La propagation de l’épidémie a offert un terreau fertile au développement des achats en ligne qui ont littéralement explosé lors de la première vague de l’épidémie. En effet, les mesures de restriction et de distanciation sociale ont poussé les consommateurs à se tourner vers les sites marchands pour faire leurs emplettes. La Covid-19 a, semble-t-il, persuadé même les plus récalcitrants de s’adonner aux achats en ligne. Le déclic s’est produit lors du confinement qui a été instauré au mois de mars 2020. Trois mois durant, les ménages tunisiens étaient cloîtrés dans leurs domiciles. Par peur de contracter le virus, beaucoup évitaient de mettre le pied hors de la maison ou de se rendre chez l’épicier du coin. Les sites de vente en ligne étaient alors la seule alternative à laquelle recouraient les consommateurs.
Une hausse de 17%
Le confinement était également l’événement qui a dévoilé au secteur du commerce la nécessité de se convertir au numérique. Ainsi, plusieurs petits commerces ne sont pas restés les bras croisés et ont essayé de trouver des solutions pour pouvoir assurer la continuité du service qu’ils fournissent. Chiffres à l’appui, 2020 est l’année qui va marquer d’une pierre blanche, le tournant qu’a pris le commerce en ligne. En effet, selon les dernières données communiquées par le ministère du Commerce, le nombre de transactions nationales effectuées sur les plateformes en ligne a augmenté de 71%, dépassant les 6,3 millions de transactions réalisées tout au long de l’année. En termes de valeur, le volume des transactions nationales monte en flèche pour s’établir à plus de 305 millions de dinars accusant, ainsi, une augmentation de près de 45%.
Le nombre des sites de vente en ligne est également un autre indicateur qui confirme l’engouement pour le commerce en ligne. Accusant une hausse de plus de 17%, le nombre de sites marchands en ligne a franchi la barre des 2.100. Une hausse sensible, mais qui demeure, selon les experts, en deçà du potentiel de croissance du secteur.
Commerce en ligne parallèle
Il est indéniable que le commerce électronique souffre de plusieurs lacunes. Mais la principale et la plus importante des difficultés auxquelles se heurte le secteur est celle du paiement électronique. En effet, sur les 2.100 sites marchands, seuls 50% sont actifs. Selon les données du ministère, plus de 80% des transactions sont effectuées à travers le paiement à la livraison (cash on delivery), assurée par des sociétés de livraison. C’est ainsi que la floraison du commerce en ligne a donné lieu à une explosion du nombre des sociétés de livraison à domicile qui pratiquent très souvent le paiement cash. Ce qui va à l’encontre de la politique de Decashing instaurée par l’Etat. Cela favorise, également, le développement du commerce en ligne parallèle, dans la mesure où ces entreprises collaborent avec des marchands qui n’ont pas de statut juridique ou qui opèrent en toute illégalité en utilisant les réseaux sociaux comme outils de vente.
Un changement qui s’inscrit dans la durée
Mais cet élan qu’a pris le commerce électronique est-il temporaire? Est-ce une simple toquade, un feu de paille qui s’estomper au moment où l’épidémie prendra fin? Une enquête conjointe de la Cnuced et de la « Netcomm Suisse eCommerce Association », dont les résultats ont été publiés au mois d’octobre 2020, montre comment le nouveau coronavirus a « changé à jamais les achats en ligne ». Elle a été réalisée auprès de 3.700 consommateurs dans neuf économies émergentes et développées, dans l’objectif d’examiner ce changement qui a touché les consommateurs qui utilisent davantage le commerce électronique et les solutions numériques. Aux termes de cette enquête, la Cnuced “s’attend à ce que la plupart des consommateurs sondés s’inscrivent dans une dynamique à long terme” et que les changements dans les activités en ligne soient “susceptibles de durer plus longtemps que la pandémie Covid-19”, plus spécifiquement pour les consommateurs issus des pays émergents.